Rémi grésilière
Bagues bracelets
Il y a quelques années, brocanteur au marché d’Aligre, Rémi Grésilière reçoit, en échange d’un billet prêté jusqu’au lendemain à un presque inconnu, la seule chose que l’autre possède encore : une bague, que l’homme ôte de son annulaire et lui tend en gage.
Quelques jours plus tard, en forêt, il ramasse une cartouche de fusil usagée, la découpe et s’en habille le doigt. Ce sera Somme, son premier bijou.
Muni seulement d’une scie, il se met à travailler des morceaux de métal dont le grain et l’éclat singuliers le frappent : de l’argent, du bronze, mais aussi du laiton, du zinc.
Il crée ses premières bagues, ses premiers bracelets.
Jour après jour il façonne, entaille, modèle, frappe.
Une série naît, toute entière pensée avec cette même exigence : élémentarité des matériaux, simplicité des gestes, outillage réduit à la scie et aux mains.
Une idée du beau faite d’épure, de nécessité, de justesse.
D’élégance poussée à son maximum, avec un minimum d’effets.
À la recherche de formes éternelles parce que parfaites, simples, pensées pour épouser le corps au plus près, ne rien contrarier des mouvements naturels.
Ce que Rémi Grésilière nomme, pour reprendre le nom d’une de ses bagues, la ruse.
Celle du chasseur-cueilleur qui d’une griffe d’ours se fait un collier.
Celle du berger dont le couteau, à force d’habitude, sait composer avec les veines du buis.
Pierre, Preuve, Fil, Griffe, Vaca, Métal : bijoux aux noms simples, essentiels, pleins. Parures indissociables du corps, faites pour s’incruster presque en nous, nous devenir indispensables, intimes.
Bijoux nécessaires.
Bijoux talismans.